Comme tout autre point technique, dans le yoga, les drishtis peuvent et doivent être compris sous leur forme allégorique.
Le drishti (de sa racine “Dr” “Drashtu” = la vision) consiste durant la pratique à stabiliser son regard sur une partie déterminée du corps. Plus généralement, cela concerne la pointe extrême du nez.
Nous citons ci-dessous l’extrait d’un texte de Lu Tsou, “Le mystère de la fleur d’or” qui décrit magnifiquement la technique du regard :
“Que signifie exactement cela ? Le mot “extrémité du nez” est très habilement choisi.
Le nez doit servir de cordeau aux yeux. Quand on ne se dirige pas d’après le nez, ou bien on ouvre grand les yeux et l’on regarde au loin, de sorte qu’on ne voit pas son nez, ou bien on baisse trop les paupières, si bien que les yeux se ferment et que l’on ne voit pas non plus les yeux. Mais si l’on ouvre les yeux trop grands, on commet la faute de les diriger vers l’extérieur, ce qui cause facilement des distractions. Quand on les ferme trop, on commet la faute de les tourner vers le dedans, de sorte qu’on plonge facilement dans la rêverie.
C’est seulement lorsqu’on ferme les paupières dans la juste mesure intermédiaire que l’on voit comme il faut l’extrémité du nez. On le prend alors comme ligne directrice. L’essentiel est de baisser les paupières comme il faut et de laisser alors la lumière rayonner d’elle-même à l’intérieur sans se contraindre à l’intérieur sous une forme concentrée. Regarder l’extrémité du nez sert seulement au début du recueillement à placer les yeux dans la bonne direction et à tenir ainsi la ligne directrice; après quoi on peut laisser les choses aller. C’est comme quand un maçon laisse pendre le fil à plomb. Dès qu’il l’a fait pendre, il se guide d’après lui dans son travail sans se préoccuper pour autant d’observer le fil à plomb.”
Ainsi, pratiquer ses drishtis est une image, une forme allégorique et qui concerne notre vision.
Cette forme en guidant nos yeux sur une partie définie de notre corps guide, en substance, notre esprit à se déposer entre la distraction et la rêverie.
Pile en soi-même, au présent dans l’absolue conscience du Soi.